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Municipales 2008
 
Saint-Nazaire à gauche ! Oui, mais quelle gauche ?

A Saint-Nazaire, le maire sortant, Joël Batteux, PS, ex-MDC en rupture avec Chevènement se représentait pour un 5e mandat à la tête d’une liste « plurielle » PS-PC-Verts-UDB dans une ville assurément de gauche. Sa victoire finale ne faisait aucun doute. En 2001 sa liste avait été élue au premier tour avec 53,44% des voix sans liste alternative de gauche.
En 2008, au premier tour, la droite nazairienne en état de décomposition avancée présentait un UMP mal implanté et un jeune et dynamique candidat du Modem. A gauche, quatre listes : deux trotskystes (LO et PT), la liste « plurielle » du maire et une liste citoyenne diverse « Label gauche ». Résultat : UMP 18,02% , Modem 18,69%, plurielle 43,23%, Label gauche 12,24%, LO 5,28%, PT 2,51% (46,13% d’abstentionnistes).
Au second tour, quatre listes : UMP 15,03%, Modem 26,76%, liste plurielle 40,52%, « Label gauche » 17,69% (46,20% d’abstentionnistes). Les électeurs de gauche ont surtout amplifié leur vote-sanction du 1er tour : la liste plurielle perd 3%, « Label gauche » gagne 5% (4 élus).

Situation nationale et situation locale

La liste « Label gauche » s’est constituée à partir des décombres des collectifs anti-libéraux et d’associations citoyennes. La cohérence idéologique et politique de l’ensemble est loin d’être assurée. Elle se présente comme une liste de gauche indépendante des partis politiques en place. C’est très largement vrai (y compris de la LCR faiblement présente à Saint-Nazaire).
La synthèse politique de cette liste s’est faite largement sur la base d’un refus du maire et de ses méthodes de gouvernement. Si l’orientation globale de la politique municipale n’est pas vraiment contestée, sauf sur la question de la démocratie locale, les points de friction sur sa mise en oeuvre sont nombreux (urbanisme et de logement, environnement, transport...). Trois éléments expliquent la « fatigue » des nazairiens :
 les méthodes de gouvernement restée d’un autre âge - celui de la démocratie représentative « bourgeoise » -, l’ignorance de la démocratie participative : la légitimité issue tous les 6 ans des urnes suffit pendant tout le municipe,
 la mollesse et parfois l’ambiguïté des prises de positions lors de certains conflits sociaux (comme lors de la grève de la faim des travailleurs grecs de mars 2008),
 la concentration des pouvoirs municipaux et l’autoritarisme... « Label gauche » pointe que « la crise profonde de Saint-Nazaire est une crise de démocratie ». Le renouvellement des élus se fait attendre. Le pouvoir use !

Et les Verts ?

Avec 5 élus, Les Verts, en privé, pointent depuis longtemps les dérives démocratiques. Mais ils ont choisi depuis longtemps de s’assurer quelques places de gestion en liant leur sort à celui du maire. Ce choix leur rend impossible toute perspective de développement politique réel. Il n’ont ni pu, ni voulu assumer un positionnement autonome alors que la preuve est faite aujourd’hui qu’un espace politique existe.

D’autres perspectives

D’autres perspectives politiques étaient envisageables. Mais les conditions qui ont permis l’émergence de la liste « label gauche » viennent de suffisamment loin pour ne pas être dépassables dans l’instant : casse des collectifs unitaires, volonté du PC de sauvegarder par une alliance avec le PS le maximum d’élus malgré des attaques du même PS contre ses « bastions » locaux, amarrage des Verts à J. Batteux... La volonté très claire de « label gauche » de refuser toute négociation électorale entre les deux tours aurait certainement rendu très difficile l’ouverture d’autres perspectives.
L’hétérogénéité de « Label gauche » et sa constitution laisse planer des doutes sur sa pérennité. Le chemin politique est encore long qui verra l’émergence locale d’une force politique réelle politique regroupant militants antilibéraux, environnementaux, alternatifs, altermondialistes, féministes, syndicalistes. Cela se fera par un long et patient travail en commun et le dépassement des clivages actuels. Les sujets ne manquent pas où ils se retrouvent dès aujourd’hui : soutien aux travailleurs en lutte pour leurs salaires, dénonciations des atteintes graves à l’environnement, soutien aux sans-papiers, développement de la démocratie... C’est ainsi que s’imposera un projet alternatif liant émancipation sociale et révolution écologique.

Augustin Grosdoy
 

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