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Déroute à l’italienne

La défaite de la coalition italienne « Gauche Arc en ciel » interpelle douloureusement la mouvance écologiste et alternative européenne.
Rassemblant les Verts, Refondation communiste (principal parti alternatif issu du PCI), le Parti des communistes italien (communistes orthodoxes) et l’aile gauche des ex-Démocrates de gauche (ceux qui refusaient la transformation centriste de ce parti), la nouvelle alliance pesait environ 10 % de l’électorat si on additionnait les scores antérieurs (2006) des formations partie prenante.
En réalisant 3,1 % en 2008, La gauche Arc en ciel perd donc environ 7O% de ses électeurs potentiels soit 2 millions de suffrages.

Comment expliquer ce recul historique puisqu’en ne franchissant pas la barre des 4% le regroupement ne dispose plus désormais de représentation parlementaire ? Diverse études post-électorales citées par Albano Cordeiro (La gauche Cactus) pointent deux phénomènes significatifs :
Incontestablement le vote utile constitue l’explication majeure. Rappelons que la nouvelle loi électorale (mise en place par Berlusconi) attribue dans un scrutin à un seul tour une forte prime majoritaire à la coalition arrivée en tête. Lors de la précédente consultation, les partis constituants « Arc en ciel » soutenaient Romano Prodi. Par contre le nouveau Parti Démocrate de Vétroni en refusant la présence de la gauche radicale écartait de fait celle-ci de l’affrontement principal avec Berlusconi.

Les enquêtes montrent que 55 % des électeurs communistes (et 56 % des Verts) ont cette fois ci soutenu soit le PD soit l’Italie des Valeurs de l’ancien juge Di Piétro (associé au PD). La tendance à la bipolarisation de la vie politique se confirme donc dans un certain nombre de pays, largement en lien avec le mode de scrutin majoritaire.

Moins massive, il faut aussi signaler le report de prés de 5% des électeurs communistes ( et 8% des Verts) directement à droite probablement en lien avec les questions d’immigration et d’insécurité, phénomènes bien connu en France.
Pour nous l’expérience italienne pose deux questions importantes. La première est celle permanente de l’unité avec la gauche sociale-libérale. Comment trouver la bonne distance entre l’opposition frontale qui conduit à un espace protestataire sans perspective de changement concret et l’alignement sans critiques audibles qui mène à la marginalisation ? Dans la dernière période nos amis italiens ont par peur de la droite sans doute trop « coller » à Prodi au détriment de leurs capacités critiques. Toutefois la scission « Gauche critique » animée par les trotskistes n’aura servi en captant 0,5 % des suffrages qu’à empêcher toute présence parlementaire de la gauche radicale : la ligne Besancenot ne fait pas particulièrement recette dans la péninsule ! L’autre problème concerne l’émergence d’une nouvelle identité. Le concept « arc en ciel » tentative de synthèse entre la culture communiste et celle de l’écologie reste pour l’instant une idée ayant beaucoup de mal à percer auprès des couches populaires. L’ancrage militant certes infiniment plus large qu’en France n’est jamais en soi une garantie de grande écoute. Même anecdotique la protestation du PDCI contre la suppression de la faucille et du marteau dans le matériel électoral témoigne du malaise ambiant.

Aujourd’hui, l’hypothèse la plus probable est malheureusement la disparition du regroupement au profit d’un ralliement d’une partie de la gauche démocratique et des Verts au PD et la reconstitution d’une forme nouvelle de Parti Communiste.

Jean-Pierre Lemaire
 

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