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Honte à l’Europe-forteresse

Le 19 juin, le ministre M. Hortefeux parade : presque 30000 expulsions en un an, 80% d’augmentation. Trois jours plus tard la réalité de la politique gouvernementale incendie le Centre de Rétention Administrative de Vincennes.

Déni des droits de l’Homme
Malgré les résistances des organisations regroupés dans les collectifs de solidarités (notamment UCIJ et RESF) la politique gouvernementale se poursuit au mépris des droits de l’Homme.
Le 18 juin le Parlement Européen adopte la « directive de la honte » (ou « directive retour« ). Il légalise l’enfermement administratif de 18 mois, le bannissement (5 ans), la possibilité d’enfermer et d’expulser des enfants...
Dès 2004, l’Union européenne se dote d’une agence de surveillance des frontières (Frontex). Sa politique vise à « externaliser », sous couvert d’aide au développement, le contrôle de l’immigration aux pays d’origine ou de transit (Mali, Maroc, Lybie...). Ainsi, de multiples façons l’Europe se construit comme une forteresse. Tous les jours des migrants meurent à ses frontières !
La prochaine présidence française de l’Union Européenne ne fera que renforcer cette tendance. La politique d’immigration est l’une de ses priorités. M. Hortefeux appelle à mettre en place une « collaboration » avec les pays du Sud et un « pacte européen » sur l’immigration.

Immigration choisie
Jamais les frontières n’ont durablement empêché les hommes circuler.
La politique d’immigration actuelle donne des gages à la partie xénophobe de la population. L’association des termes immigrés et identité nationale dans l’intitulé d’un ministère induit que les immigrés, y compris les Français « issus de l’immigration », sont une menace pour une « identité nationale » mythique. Ainsi ces immigrés sont rendus responsables de tous les maux (chômage, insécurité, délinquance...). Il sont alors stigmatisés. Il ne resterait plus qu’à tenter de les exclure.
Les luttes récentes de travailleurs-immigrés de la restauration mettent en évidence la contradiction entre la réalité (les besoins en main d’œuvre du secteur et la volonté des travailleurs) et le discours d’un gouvernement qui, pour des raisons politique et idéologiques, prétend vouloir choisir à un bout de la chaîne une main d’œuvre peu ou pas formée, taillable et corvéable et à l’autre bout des « cerveaux » enlevés aux pays du Sud.
La France et l’Europe entendent perpétuer une politique d’immigration sur la base de leurs seuls intérêts, ignorant les aspirations des migrants et instrumentalisant les besoins des pays du Sud. Une véritable politique de co-développement doit s’émanciper des politique d’ajustements prônées par le FMI et la Banque Mondiale, cesser d’appuyer des régimes insupportables et prendre en compte en premier lieu les besoins des peuples.

Pour une politique d’accueil
Dans un texte récent « Au sujet de la directive retour », Evo Moralès, président de la Bolivie souligne : « Promouvoir d’un côté la liberté de circulation de marchandises et des flux financiers, alors qu’en face nous voyons des emprisonnements sans jugement pour nos frères qui ont essayé de circuler librement... Ceci est nier les fondements de la liberté et des droits démocratique ».
Une politique nouvelle de l’immigration doit organiser un accueil respectueux des droits, de l’intégrité physique et de la dignité des personnes et non leur rejet :
 apurer le passif par une régularisation de tous les sans-papiers (délivrance d’une carte de résident : 10 ans), la dépénalisation du séjour irrégulier, l’abolition de la rétention administrative, la facilitation du regroupement familial...
  organiser et sécuriser le séjour : attribution d’une carte de résident de 10 ans, droit du sol pour tout enfant né en Europe, droit à la nationalité au bout de 7 ans de résidence...
  promouvoir la participation pleine et entière à la vie sociale : institution d’une citoyenneté de résidence avec droit de vote et d’éligibilité à toutes les élections...
Ces mesures prépareraient à la liberté de circulation et d’installation des personnes, éléments essentiels du développement d’une solidarité mondiale également bénéfique à tous.

« Le monde, ses continents, ses océans, ses pôles, connaissent d’importantes difficultés globales : le réchauffement global, la pollution, la disparition lente mais sûre des ressources énergétiques et de la biodiversité alors qu’augmentent la faim et la misère dans tous les pays, fragilisant nos sociétés. Faire des migrants, qu’ils soient sans papiers ou non, les boucs émissaires de ces problèmes globaux, n’est en rien une solution. Cela ne correspond à aucune réalité. Les problèmes de cohésion sociale dont souffre l’Europe ne sont pas la faute des migrants, mais le résultat du modèle de développement imposé par le Nord, qui détruit la planète et démembre les sociétés des hommes ». (Evo Moralès)

Augustin Grosdoy
 

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