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Victoire des ouvriers grecs à Saint Nazaire !

Le 1er avril 2008, Nicos, Boris et Léonidas, ouvriers grecs de Elbe, entreprise sous-traitante allemande de Aker Yards (ex Chantiers Navals de St Nazaire) ont obtenu satisfaction, paiement de leurs salaires de 8 000 € et billet d’avion pour leur retour en grèce, après 19 jours de grève de la faim faisant suite à un mois de grève.
Amère victoire ! Deux jours à peine après son retour, Nicos décédait d’un arrêt cardiaque.

Quel bilan de cette mobilisation sur Saint Nazaire ?

L’attitude des patrons Durant le conflit, l’entreprise Elbe a été muette, absente.
Aker Yards a pris le relais de son entreprise sous-traitante défaillante après les 19 jours de grève de la faim seulement, alors que dans une situation comparable, avec grève de la faim, en 2005, elle avait payé au bout de 6 jours ! Cette entreprise a orchestré une campagne de disqualification des grecs : diffamation, photos dans la presse des autres grecs de Elbe déclarant « être bien payés » (sans connaître le français !?), campagne contre l’USM-CGT et le Collectif de soutien « qui s’est fait manipuler »dit-elle. Campagne qui a porté ses fruits puisque la CFDT, les partis de gauche représentés au Conseil municipal à l’exception du PCF, unanimes, demandaient la mise en référé prud’hommal à l’instar de Aker Yards, renvoyant le règlement aux... calendes grecques, alors que la position de l’USM-CGT était pour la négociation immédiate.
Donc, un patronat, dur, arrogant, arguant de la sous-traitance qu’il a organisé, faisant jouer les divisions syndicales et le chantage à l’emploi, utilisant les médias, voire certaines organisations syndicales (CGC).

La division syndicale Seule l’USM-CGT a mobilisé en demandant le soutien d’associations. Pour des responsables F.O. : « on a déjà l’emploi des français à assurer, alors, les étrangers... ». Il existe une désunion avec la CFDT, déjà ancienne. Il est clair que s’oppose, ici, deux stratégies syndicales : l’action collective ou la revendication individuelle que représente l’action prud’hommale.
Mais également difficulté de mobiliser dans la CGT. Tension avec le syndicat CGT des Chantiers et l’Ul elle même, craignant que ne soit porté atteinte à l’image des Chantiers ! On peut se poser la question aussi de leur solidarité avec des étrangers, et on peut craindre pour la solidarité qui serait à construire avec les sans -papiers.

La mobilisation citoyenne, portée essentiellement par le MRAP, ATTAC, et des individus assurant la présence militante quotidienne auprès des grèvistes, l’organisation de rassemblements avec l’USM, d’actions au conseil municipal, l’interpellation auprès de député européen et l’élargissement de l’information. Mobilisation importante certes, rassemblant une centaine de personnes mais insuffisante à elle seule bien sûr pour emporter le succès, même si 2617 signatures de soutien ont été récoltées !

Rôle des médias Localement, les journaux ont été présents. La TV régionale très peu. Les médias nationaux n’ont pas relayé l’information, au contraire de ce qui s’était passé en 2005. Rien sur les radios. Rien à la TV nationale, ni journaux nationaux sauf un article dans Libé et l’Huma en début de conflit et juste un deuxième dans l’Huma, à la fin du conflit.
Alors, silence assoudissant des médias ? Orchestré ? Par Aker Yards ? Que des questions.

Bilan Succès - relatif - de cette grève de la faim : aucun bulletin de travail attribué, donc ni cotisations sociales payées, ni attestation pour la retraite. Un chèque de 700€ (à déduire des 8000€) donné par Elbe qui ne sera jamais payé, l’entreprise n’étant même pas solvable pour payer les loyers de ses salariés !
Faire 19 jours de grève de la faim juste pour obtenir son argent montre un recul dans les mobilisations.
La mobilisation réalisée n’a pas été totale, ni de façon intersyndicale, ni au niveau de la CGT, ce qui peut faire hésiter pour engager des mouvements futurs, les sachant voués à l’échec.
Le PS, les Verts, ont fait un soutien minimal. Ils se sont « alignés » sur la proposition de Aker Yards en incitant à aller aux prud’hommes au lieu d’intimer Aker Yards de faire pression sur son sous-traitant, voire de payer à sa place !
L’élément final déclencheur de l’issue victorieuse a été la mobilisation médiatique et diplomatique en grèce et l’action d’une conseillère d’ambassade grecque en France, très active vis-à-vis de Aker Yards et du sous-préfet, tout ceci grâce à la mobilisation locale.

Succès tout de même
 Aker Yards a reconnu officieusement sa responsabilité de donneur d’ordre en réglant les salaires.
 Les grecs ont obtenu d’être payés selon le droit du travail français, alors que dans le même temps, nous apprenions un nouvel arrêt (Rüffert)de la Cour de justice européenne après ceux deViking et Laval-Vaxholm qui dénient ce droit.
 La solidarité s’est mise en place entre grecs, leur ami bulgare qui les a soutenu tout au long de leur grève, français, françaises, ouvriers, retraitéEs, lycéens, lycéennes, syndicalistes, interprètes grecs bénévoles, de toutes appartenances sociales, mais partageant les mêmes aspirations !

C’est le chemin qu’il nous fait suivre pour assurer la construction de l’Europe Sociale que nous voulons.
Sur le terrain, nous avons rendu possible ce que la Cour de Justice européenne nous dénie :
 le droit du pays d’accueil pour les salariés quand il est plus favorable
 égalité des droits pour les salariés quelque soit le pays d’origine !

Marie-Elisabeth Allaire
 

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