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La Gauche en chantier

Plus d’un an après la victoire de Nicolas Sarkozy et face à une offensive libérale sans précédent, la gauche n’arrive toujours pas à constituer une alternative crédible. Tant sur le plan du contenu que de la stratégie, elle s’enlise dans un interminable processus de ravalement interne qui l’éloigne toujours plus des préoccupations de la grande masse des citoyens.

Le PS principal architecte du chantier se cherche à la fois un projet, des alliés et un leadership. Les contributions préparatoires au congrès de Reims ont montré un assez large accord sur le fond : la mondialisation financière, la souveraineté quasi-absolue de l’économie de marché, marquent l’horizon indépassable de nos sociétés. Les sociaux-démocrates pourtant en crise dans toute l’Europe ne veulent désormais agir qu’à la marge en prônant une nébuleuse « nouvelle compétitivité » fondée sur « l’économie de la connaissance » ou le soutien aux PME innovantes. On comprend que ce néo-libéralisme new look ait des difficultés à redonner espoirs aux classes populaires victimes de la crise et qui à ce jour restent le principal cauchemar du PS. Seul le couple Mélenchon-Dolez et dans une moindre mesure les amis de B. Hamon et H. Emmanuelli remettent en cause le partage des richesses et se prononcent pour une lutte vigoureuse contre les inégalités et le retour d’un Etat régulateur. Mais la probabilité qu’ils puissent inverser le cours de l’évolution centriste du PS est faible. L’hypothèse la plus probable est donc celle d’un glissement progressif vers un parti démocrate à l’italienne. Cette mutation sera rapide si Ségoléne Royal l’emporte, possible avec Hollande/Delanoe, sans doute plus incertaine avec Aubry/Fabius.

Evidemment la victoire des un ou des autres ne nous est pas indifférente en particulier si elle amène à reposer la question du « grand parti de toute la gauche ». Mais pour l’instant c’est le problème de l’alliance avec le Modem qui se trouve au devant de la scène. Tant que François Bayrou apparaîtra comme l’opposant le plus crédible la concurrence des centristes fera peser un risque mortel au le PS. Toute proportion gardée, la main tendue du député du Béarn ressemble quelque peu au « baiser de la mort » jadis pratiqué par François Mitterrand au détriment des communistes !

A gauche du PS, du champs de ruine émerge la silhouette juvénile du postier de Neuilly. Chacun aura bien compris à quel point la droite comptait sur Besancenot pour pourrir la vie du PS. Elle n’hésite donc pas à sortir la grosse artillerie médiatique. Omniprésent notamment dans la presse Lagardére, le projet de NPA n’a en réalité à vendre que du désespoir. Pour ses promoteurs, les réformes sont impossibles et la révolution n’est pas à l’ordre du jour. Il ne reste donc aux travailleurs qu’a exprimer leur colère en votant pour « une gauche qui ne s’excuse pas d’être de gauche » sans que l’on voit bien l’utilité de cette démarche pour améliorer concrètement leur sort.

Après son échec historique des présidentielles, l’implantation locale du PC lui a permis de limiter les dégâts aux municipales. Mais face à son impasse stratégique il a choisi le chemin illusoire de la énième tentative de rénovation interne. Marie-Georges Buffet ne règne aujourd’hui que sur des ruines, un bâtiment en péril qu’il serait préférable de raser et de reconstruire plutôt que d’attendre qu’il s’écroule sur ses occupants. C’est bien pourtant la logique proposée pour le dernier congrès à l’opposé du dépassement nécessaire pour produire du neuf.

Et Les Verts dans ce paysage chaotique ? Au bord du gouffre après le désastre de la candidature Voynet, ils se sont vu imposer par Daniel Cohn-Bendit une stratégie de rassemblement de personnalités médiatiques pour les élections européennes. Cette innovation doit être analysée de manière nuancée. D’une part elle rompt avec le repli sur l’identité verte, doctrine officielle depuis trois ans, ce qui peut donner une nouvelle crédibilité au parti dans l’opinion. Ainsi Libération il y a quelques semaines titrait sur l’émergence possible d’un NPE (nouveau parti écologiste) à coté du NPA et du PS. Mais d’autre part, on aurait tort de faire l’impasse sur le sens de cette initiative. Malgré José Bové présent plutôt comme figurant, l’orientation majoritaire de la coalition est celle d’un capitalisme vert et d’un replâtrage du modèle productiviste et non de la remise en cause du système. Le parti-pris de l’économie de marché véhiculé par DCB le conduit généralement à se situer sur les grandes questions de société résolument du coté du libéralisme.

Après ce tableau plutôt sinistre, faut-il prédire la disparition de la gauche à l’instar de l’Italie où, comme l’a fait remarquer Jean-Luc Mélenchon à la fête de l’Humanité, pas un seul député socialiste ou communiste n’a été élu ? Mais le pire n’est jamais sûr. L’avenir dépend en grande partie de nos capacités à rebondir et à agir. A travers l’appel de Politis ou le regroupement des écologiste radicaux à Miremont (voir l’article de Mylène Stambouli) se dessinent les contours d’initiatives susceptibles de faire bouger les lignes à gauche et a définir les prémices de la constitution d’une nouvelle force politique dont nous ne sommes qu’au premier pas.

2009 en verra sans doute la pose de la première pierre. A vos truelles !

Jean-Pierre Lemaire

 

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