LCR : Un succès en trompe l’œil

Dans ces élections la LCR présentait ou soutenait quelques 2OO listes dans toute la France, ce qui confirme un effort d’implantation nationale et aussi une certaine visibilité médiatique : 11O dépassent les 5 %, 18 se situent au dessus de 4,5 % et une vingtaine des 10 %, en général dans des villes moyennes ou la victoire de la gauche est probable. Cet incontestable succès confirme donc le bon score d’Olivier Besancenot et à « gauche de la gauche », la domination électorale de la LCR.
Pour autant cette analyse mérite d’être largement nuancée. D’abord en raison de l’affaiblissement de LO. Dans bien des cas le recul des amis d’Arlette Laguiller explique presque intégralement la progression de la LCR comme à Grenoble, Limoges ou Rouen. En outre la présence de la Ligue ne coïncide pas avec les orientations définies par son dernier congrès. Alors que la construction du « nouveau parti anticapitalisme » devait se faire sans alliance avec d’autres forces, 6O% des listes se sont formées par addition avec d’autres organisations ( alternatifs ; CUAL, groupes locaux). D’après Christian Picquet (courant unitaire de la LCR) dans 29 villes le regroupement inclut le PC et dans 6 les Verts (comme à Gap ou à Draguignan), 69% des listes de rassemblement ont franchi la barre des 5% et 24% ont dépassé les 10% (la LCR n’y parvenant seule que dans 4% des cas). Sur le terrain l’union s’avère plus payante que le cavalier seul prôné par la majorité. A cet égard le cas le plus frappant est bien sur la situation à Clermont-Ferrand où la section de la Ligue désavouée au sommet a présenté une liste large avec notre ami JM. Duclos (alterekolo) en 3e position réalisant 15,3 % des voix au 2e tour. Encore plus surprenant à Morlaix la Ligue soutenait le Vert Michel Le Saint qui progresse de 16% en 2OO1 à 25% aujourd’hui. Doit en conclure que désormais les électorats écolo et d’extrême-gauche s’additionnent sans problème ?

Gauche Alternative : une présence éclatée

Sous des étiquettes forts variées (Alternatifs, CUAl etc.), se présentant dans un petit nombre de villes (une cinquantaine), la Gauche alternative n’est pas apparu de manière visible. Plus de la moitié des listes comportaient une alliance ou un soutien de la LCR avec des résultats variables : faibles à Nice ou Nîmes, plus significatifs à Marseille, Montpellier, important à Nancy (7,4%) ou St-Nazaire. Quelques cas d’espèce méritent d’être relevés : à Beauvais, Régis Lecuru, exclu des Verts, sort largement gagnant (7,32%) d’un duel face à l’extrême-gauche, à Auch les Alternatifs implantés de longue date réalisent 9,19% , à Paris face aux Verts et la LCR les listes GA atteignent 2% ce qui est faible mais pas ridicule. A Lyon la liste « Audaces » emmenée par Gilbert Dumas, figure « écolo-alternative » bien connue, totalise 4,78% sans se présenter dans tous les arrondissements. Il réussit ainsi un amalgame inédit entre LCR, Alternatifs et partisans de la décroissance !
Au total des résultats souvent encourageants, témoignant parfois d’un ancrage local important mais très inégalement réparti sur le territoire et surtout sans cohérence d’ensemble face à la multiplicité des situations locales.